Au rayon des biporteurs, peu de modèles sont réellement compacts : on se retrouve souvent avec des vélos compliqués à stationner ou à manoeuvrer en ville. Avec l’allemand Muli, on fait 0 compromis sur l’encombrement, mais est-il vraiment performant ? On l’a testé pendant plusieurs semaines en conditions réelles.
Notre avis sur le Muli Motor
Points positifs
- Box flexible et ultra-compacte
- Moteur Shimano EP6 de 85Nm
- Passage de vitesses automatique
- Maniabilité impressionnante
- Freinage précis et efficace
- Tige de selle suspendue
- De nombreux accessoires très bien conçus
Points négatifs
- Box un peu étroite pour 2 enfants
- Il faut descendre du vélo pour mettre la béquille
Muli Motor : le cargo compact érigé au rang de l’art
Muli, la marque dont le nom veut dire « mule », le parfait mélange entre l’âne (qui peut transporter un chargement lourd) et le cheval (qui galope à toute allure) a mis au point son premier modèle en 2016. Deux frères dans leur garage, qui mettent au point le vélo qu’ils ne trouvent pas sur le marché, un kickstarter plus tard le vélo est en vente : une vraie success story américaine, à un détail près… c’est en Allemagne que ça se passe !

Depuis le premier Muli, le cadre n’a pas changé : fin et au look plutôt urbain, il nous rappellerait presque le Brompton dans son plus simple appareil, et pour cause, il est équipé de toutes petites roues (16 pouces à l’avant, 20 pouces à l’arrière).

Il mesure 1,95m de long, mais c’est surtout en largeur que son volume intrigue : la box est flexible (comme sur le Carrie de Riese & Müller, qui semble-t-il s’est quelque peu inspiré de la mule) et ne mesure que 27,5cm de large une fois fermée. Du jamais vu sur un biporteur ! On peut l’ouvrir pour y installer des enfants ou du chargement, et la refermer en quelques secondes le temps d’aller faire ses courses.
Cet aspect ultra compact lui permet d’être emporté partout : sur le porte-vélos à l’arrière de la voiture (la légende raconte qu’il y a même des gens qui parviennent à mettre 2 Muli sur un porte-vélos, sur une Ford Fiesta), dans le train ou même dans un tramway.
Dans les grandes villes d’Allemagne, il a été largement adopté, on en croise toutes les 3 minutes et nombreux sont ceux qui le customisent. Ça se comprend largement puisqu’il est ultra facile à stationner, notamment en ville lorsqu’il faut se glisser entre 2 vélos sur un parking à vélos, ou même le glisser à côté d’une voiture dans un garage.

Du côté des couleurs, le choix est assez restreint, le fabricant le revendique et se targue de commercialiser un « tool » pas un « toy ». En toute transparence, cela permet aussi à la marque de proposer un prix plus accessible en faisant des économies d’échelle. De notre côté, nous testons la version ST pro qui est dispo en noir ou en vert. Vous croiserez peut-être des Muli Motor en teintes lavande, crème, jaune, ou bleu, selon le type de motorisation et de configuration.
Le Muli Motor est-il performant ?
Ce Muli Motor est proposé dans plusieurs versions allant du Pendix (que l’on peut installer sur la version musculaire du Muli pour le faire évoluer), au moteur Shimano Steps e6100 en passant par le Shimano EP6 Cargo. Il est aussi possible, depuis peu, d’opter pour un moteur Bosch CX, sur le Muli version européenne, en édition limitée.
D’ailleurs, si vous êtes sensible à la fabrication locale, le modèle européen sera peut-être fait pour vous : on retrouve notamment un cadre allemand, des composants Magura, ou encore une boite de vitesses automatique allemande comparable à Rohloff.
De notre côté, c’est la version ST Pro que nous avons pu tester, autant dire le nec plus ultra de chez Muli.


Sur cette version, c’est un moteur Shimano EP6 Cargo, le même moteur qui équipe l’O2Feel Equo 5 Adventure ou le Heta de chez Douze : un moteur qu’on connait pour son efficacité sur du transport de lourdes charges et qui ne démérite pas sur des terrains vallonnés avec ses 85Nm de couple.
Pour la batterie, c’est encore chez Shimano que ça se passe avec une batterie de 630Wh positionnée à la verticale sur le cadre. L’autonomie annoncée frôle les 80km sur le papier, reste à voir jusqu’où il nous emmène avec une utilisation plus traditionnelle et un chargement dans la box.

On retrouve avec beaucoup de plaisir la courroie Carbon Gates que l’on avait tant apprécié sur le CGO009 de Tenways notamment, qui permet un entretien minimaliste et une durée de vie remarquable. Parfait pour éviter de dérailler lorsque l’on démarre en côte avec le cargo chargé à bloc.

Des accessoires par dizaines pour customiser son Muli
Au-delà d’une box flexible extrêmement bien conçue, Muli a développé une très large gamme d’accessoires. De notre côté, on en a pris plein les yeux côté ingéniosité et simplicité.

On retrouve notamment les sièges enfants aussi compacts que le reste, ils peuvent se mettre face ou dos à la route selon l’âge des enfants, et on peut refermer le panier avec les sièges installés (il faudra quand même faire sortir les enfants du cargo d’abord 😅). Personnellement, j’ai trouvé ça très sympa de pouvoir voir mes enfants de face lorsque je pédalais, le contact est différent et peut-être plus rassurant pour les plus jeunes.

La structure de la capote anti-pluie est la même que pour installer le voile pare-soleil, et on peut aussi ajouter à la box : un adaptateur pour cosy bébé, ou un coussin additionné d’une porte pour emmener son chien en cargo.
Le petit accessoire tout bête mais qui devient vite indispensable : le tapis de transport (en bannières publicitaires recyclées svp !), que l’on vient fixer à mi-hauteur de la box et qui permet de supporter une charge sans écraser ce qui est au fond de la box (ceux qui font leurs courses en vélo cargo comprendront vite son intérêt).
Peut-on rouler en sécurité avec le Muli Motor ?
En me renseignant sur la marque, j’ai vu que Muli disposait de son propre stand de test, permettant de soumettre les prototypes à de nombreux scénarios pour valider la conformité et la sécurité sur la route. Le résultat, c’est un vélo qui est au-dessus des standards de qualité habituels du secteur, de quoi se rassurer à l’ère de la triste affaire des cargos rappelés chez Babboe.
Le Muli Motor ST pro est aussi un vélo connecté : une balise GPS y est intégrée et il peut être relié à l’application Muli Rider pour pouvoir le localiser en temps réel, suivre son entretien et vos précédents trajets… et c’est tout. Ne comptez quand même pas sur l’appli pour customiser la motorisation de votre vélo comme le propose Bosch par exemple.
Du côté de la sécurité du vélo en lui-même et de ses composants, on retrouve des sièges enfants solidement attachés à la box (et non pas scratchés comme on le voit parfois), eux-mêmes équipés d’harnais 3 points.

Des freins à disques Shimano 180mm à 4 pistons viennent sécuriser le freinage et l’arrêt, je vous en reparlerai dans la partie test mais j’ai été très surpris de ces freins.

Les pneus Schwalbe Big Apple promettent des sorties confortables – et d’amortir un peu les nids de poule, à défaut d’une suspension mais aussi une belle durée de vie puisqu’ils conviennent très bien au transport de lourdes charges. En plus des pneus ballons, la tige de selle suspendue vient ajouter un peu de confort sur les dos d’âne et les bordures de trottoir.



Dernier point qui nous a fait relire plusieurs fois sa fiche technique : malgré son cadre peu épais et son poids plutôt léger de 34kg, il peut supporter 195kg ! Belle performance et belles possibilités en perspective !
Pour ce qui est du SAV, Muli dispose d’un service client ainsi que d’un réseau grandissant de revendeurs en France, ce qui permet d’assurer l’entretien et la maintenance localement.
Muli Motor : on le teste en conditions réelles
Parlons tout de suite du sujet qui peut fâcher : ouvrir la box peut s’avérer être un exercice contrariant quand on ne sait pas comment s’y prendre la première fois. En fait, c’est super facile : il y a une poignée bleue sur laquelle il suffit de tirer pour ouvrir la box en un tour de main. Facile, certes, mais si on ne vous le montre pas, vous chercherez un peu avant de trouver.

Côté conduite, c’est un biporteur donc comme toujours avec ce type de vélo, il faut anticiper un peu les virages et penser à bien regarder devant le vélo pour ne pas être déstabilisé.
La prise en main est très facile puisque sa légèreté et son côté compact donnent l’impression que l’on conduit un vélo électrique tout ce qu’il y a de plus classique. Contrairement à certains « veaux » biporteurs, même un non initié peut l’utiliser et sera à l’aise en quelques minutes.
Mais la vraie clé du confort de conduite se trouve – à mon avis – dans le choix très judicieux du moteur EP6 Cargo qui donne un vrai coup de fouet dès qu’on dépasse le 2ème mode d’assistance, et qui permet un démarrage très fluide, même avec le cargo chargé d’enfants et de cartables d’école.

La motorisation est bien dimensionnée, sur les 5 niveaux d’assistance, et avec environ 40kg de charge (en plus de mes 70kg), j’ai fait la plupart des balades au 2ème niveau d’assistance : le parfait compromis pour faire du sport sans s’arracher les cuisses pour autant, tout en ayant de belles sensations de vitesses.
Du côté de l’autonomie, j’ai réussi à parcourir une bonne soixantaine de kilomètres avec le cargo chargé, en jonglant entre le 2ème et le 3ème mode d’assistance. Une autonomie plutôt cohérente avec celle annoncée, et qui me parait correcte pour un usage quotidien, sans devoir le recharger nécessairement dans la journée.
Le passage de vitesses automatique via le Nexus Di2 est un régal, j’avais déjà adoré lors de mon test du Peugeot E-Longtail, je persiste et signe ici ! On est vraiment sur un gain de confort, on se dégage de la charge mentale et on n’a plus qu’à pédaler, le vélo adapte tout seul la vitesse à la difficulté du terrain rencontré.

Le seul reproche que l’on peut trouver à ce système, c’est le côté « craquement » à chaque rétrogradation, qui peut surprendre quand on est lancé dans la montée d’une pente bien vénère avec option virages en épingles.
Alors certes, selon l’endroit où vous habitez (un petit coucou à nos lecteurs du plat pays 👋 !), vous ne rencontrerez peut-être pas ce cas de figure, mais si cela arrive, sachez que le « hack » consiste juste à passer le boitier de vitesses en « manuel » (un bouton est prévu à cet effet sur le guidon), et ainsi pas de surprise de vitesse qui craque.

Qui dit montée, dit aussi descente et avec l’inertie créée par le poids du vélo chargé, on peut vite atteindre des pics de vitesse assez hauts (45 – 50 km/h). C’était l’occasion parfaite pour tester le freinage que j’ai trouvé réellement bluffant de précision.
Il n’est pas rare de voir des freins à disques hydrauliques 180mm sur des cargos, mais à 4 pistons c’est moins fréquent, et là je les trouve taillés sur mesure pour ce vélo, on peut facilement doser le freinage et même faire des freinages d’urgence sans se retrouver à notre tour dans la box à l’avant du cargo. Une précision chirurgicale.
La stabilité est au rendez-vous lorsqu’on roule, grâce au centre de gravité très bas dû à l’emplacement assez bas de la box et aux petites roues. Et à l’arrêt, c’est une béquille Ursus Jumbo qui vient stabiliser le vélo, elle fait le job mais j’avoue que j’avais un faible pour les béquilles plus ergonomiques à la sauce Riese & Müller, comme sur le Load 75 que j’ai testé.
La direction se fait par tringle, c’est confortable et fluide, on fait demi-tour très facilement.


La position de conduite est légèrement inclinée vers l’avant, personnellement je la trouve très confortable et adaptée à des trajets quotidiens, voire même à des plus longues balades pour les sorties pique-nique avec les enfants qui en réclament encore et encore. À propos, de notre côté le test « confort de la box » a été approuvé avec un score d’endormissement de moins de 5min pour l’une de nos petites têtes blondes.
En résumé, et pour ne rien vous cacher : il y a un avant et un après Muli. L’ensemble des composants a été finement choisi et je trouve que l’attention rapport qualité / prix / performance qui a été portée par les ingénieurs de chez Muli est remarquable.

La cerise sur le gâteau, c’est son prix. Le prix de départ d’un Muli Moto est de 4460€ (avec le moteur Pendix), et pour la version ST Pro que nous testions ici (la Rolls Royce), il faudra compter 6340€. C’est un tarif cohérent au vu des composants et de la conception du Muli, à titre de comparaison, le Carrie de Riese & Müller démarre à 5749€ en config de base, et environ 7000€ pour un modèle équivalent.
Si vous avez un budget plus restreint (et des jambes à raffermir), la version musculaire de conception identique est à 2890€. Sachant qu’il est possible de l’électrifier par la suite, ça laisse songeur.
Caractéristiques techniques
Prix (à partir de) | 4460 € |
Position moteur | Pédalier |
Moteur | Shimano EP6 Cargo |
Couple moteur | 85 Nm |
Vitesse max | 25 km/h |
Niveaux d’assistance | 5 |
Batterie | Shimano 630Wh |
Autonomie théorique | 80km |
Temps de recharge annoncé | 6h |
Fourche | / |
Amortisseur | / |
Dérailleur | Shimano Nexus Di2 |
Vitesses | 5 |
Type de freins | Freins à disques hydrauliques |
Freins | Shimano 4 pistons 180mm |
Écran | Shimano EN600 |
Matériau cadre | Aluminium |
Diamètre de roue | 16″ et 20″ |
Poids | 34 kg |
Bonjour Rémi,
Tu parles de 5 niveaux d’assistance dans ton test. De ce que j’ai lu sur internet, Shimano offre 4 niveaux d’assistance : Eco, Normal, Trail et Boost. Quel est le 5ème niveau (ou peux-tu rappeler les 5 niveaux disponibles sur cet version du Muli) ?
Merci.
Bonjour, il me semble qu’il y avait aussi un niveau « High » (entre Trail et Boost).
Et il y a aussi la fonction « Walk assist » qui est en quelque sorte un 6ème niveau d’assistance.