Le plan d’économie de 10 milliards d’euros du gouvernement français réduit de 2,2 milliards le budget des mobilités durables, menaçant la santé publique et l’environnement. « Une étude publiée en février 2024 démontre les avantages du vélo en France pour la santé et le climat, soulignant l’importance des mobilités durables. Voici ses principaux enseignements.
Les français et la mobilité à vélo : une opportunité à saisir
En France, le vélo reste sous-utilisé par rapport à d’autres pays européens. Selon une enquête réalisée par l’Insee en 2019, les Français parcourent en moyenne à peine plus de 2 km par semaine à vélo, bien moins que les Néerlandais, qui atteignent en moyenne 13,7 km par semaine, pour les personnes âgées de 75 ans et plus.
Cette sous-utilisation du vélo, combinée à une dépendance excessive à la voiture, suggère un grand potentiel pour le vélo électrique.
Le vélo électrique et la santé : des avantages tangibles

Le vélo électrique peut jouer un rôle significatif dans l’amélioration de la santé publique. Selon des études épidémiologiques, notamment l’étude « Méta-analyse de la réduction de la mortalité toutes causes confondues grâce à la marche et au vélo et forme de la relation dose-réponse« , 100 minutes de vélo par semaine permettent de réduire la mortalité toute cause de 10 % chez les adultes. En extrapolant ces résultats, il est possible de quantifier les effets bénéfiques du vélo sur la santé.

Les niveaux de pratique du vélo en 2019 en France ont permis d’éviter environ 2 000 décès et 6 000 cas de pathologies chroniques par an, grâce à l’activité physique. Ces chiffres démontrent clairement les avantages du vélo électrique, qui peut encourager davantage de personnes à adopter un mode de vie actif et à réduire le risque de maladies chroniques comme les maladies cardio-vasculaires, le diabète de type 2, le cancer du sein, le cancer de la prostate et la démence.
200 millions d’euros d’économies chaque année
Les avantages du vélo électrique ne se limitent pas à la santé. Les coûts médicaux directs évités grâce à la pratique du vélo sont estimés à près de 200 millions d’euros chaque année. Cependant, cette estimation ne prend en compte que les coûts médicaux directs comme les hospitalisations, les traitements médicaux et les indemnités journalières.
Les coûts sociaux de santé, qui incluent des éléments comme la perte de productivité, le préjudice moral et le coût pour les aidants, sont également importants. Selon un rapport de la commission présidée par l’économiste Émile Quinet, la valeur de 3 millions d’euros par décès évité a été recommandée pour l’évaluation de politiques publiques.
En utilisant cette estimation, le média The Conversation arrive à la conclusion suivante : « De notre côté, nous avons ainsi estimé que la pratique du vélo avait permis d’éviter 4,8 milliards d’euros de coûts sociaux de santé en 2019. Rapportés au nombre de kilomètres parcourus à vélo l’année de l’enquête (4,6 milliards de km), cela nous a permis d’estimer que chaque kilomètre parcouru à vélo permet d’éviter environ 1 euro de coûts sociaux de santé.«
Le rôle du vélo électrique dans la réduction des émissions de carbone
Le vélo électrique peut également jouer un rôle majeur dans la réduction des émissions de carbone, c’est d’ailleurs ce dont on parlait dans notre dossier « Le vélo électrique est-il vraiment écologique ?« .
Les émissions de CO2 pourraient être réduites de 250 kilotonnes par an si 25 % des trajets de moins de 5 km effectués en voiture étaient remplacés par des trajets à vélo. C’est l’équivalent du double des émissions évitées par les crédits d’impôt accordés pour la rénovation thermique des logements en 2015 et 2016 !
Une nouvelle approche pour les politiques publiques
Le vélo électrique offre des avantages tangibles pour la santé publique et l’environnement. Pourtant, les investissements dans les infrastructures cyclables restent limités, et la proportion de trajets effectués à vélo n’a pas augmenté entre 2008 et 2019, stagnation autour de 3 %.
Des scénarios énergie-climat compatibles avec les engagements climatiques de la France, comme ceux développés par l’ADEME ou l’association négaWatt, prévoient une hausse importante de l’utilisation du vélo, y compris des vélos électriques. Ces scénarios indiquent qu’une transition bas-carbone peut permettre d’éviter environ 10 000 décès par an d’ici 2050, avec des bénéfices estimés à environ 40 milliards d’euros par an.
À mesure que l’on prend conscience des avantages du vélo (électrique), il est temps pour les pouvoirs publics de saisir cette opportunité et de promouvoir des politiques qui encouragent son utilisation pour créer un avenir plus sain et durable, à l’instar de ce qui a été commencé avec le Plan Vélo, la Prime vélo électrique et le Forfait mobilité durable.